Ré-analyse de la débâcle de l'Oisans - 1219
Camille L'hutereau  1, *@  , Philippe Schoeneich  1, *@  
1 : Université Grenoble Alpes, Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS
CNRS : UMR5194
Grenoble -  France
* : Corresponding author

En 1219, à l'amont de Grenoble, un barrage naturel rompt, libérant l'eau d'un lac qui atteint la ville causant des dégâts considérables. Après les témoignanges de quatre auteurs du Moyen Âge, la catastrophe attire au XXème siècle l'attention de géographes et géomorphologues. Leurs interprétations concernant le déroulement des faits restent pourtant très textuelles, ne s'appuyant que très peu sur les données géomorphologiques de terrain.

Pour les 800 ans de la catastrophe, le projet interdisciplinaire Risk de l'IDEX Grenoble Alpes a financé un projet de ré-analyse portant sur les traces physiques laissées par l'événement autour du barrage naturel. Plusieurs questions se posent.

D'abord, comprendre la mise en place du barrage, en testant l'hypothèse communément admise d'un barrage par jonction de cônes de déjection. Les morphologies constatées sur place révèlent un dépôt d'écroulement imposant, dont les textes minimisaient jusqu'ici l'emprise et le rôle dans le scénario de la catastrophe.

Ensuite les hauteurs d'eau du lac et l'emprise de ce dernier sur la plaine de Bourg d'Oisans avant la rupture. Quelques traces d'écoulements perchés ont permis d'affiner les estimations de cote maximale du lac.

Enfin, il se pose la question du rôle morphogène de la crue dans le chenal d'écoulement de la Romanche. Ce couloir étroit et encaissé présente des terrasses emboitées rappellant une séquence dépôt-érosion telle que décrite par les observations des débâcles glaciaires. Les terrasses supérieures sont parsemées de mégablocs témoignant de la violence de la crue. La morphologie du couloir a été profondément marquée par la dynamique d'écoulement au moment de la rupture du barrage.

L'étude de 2019 a permis de préciser les traces physiques laissées dans le paysage. Elle soulève également des questions géopatrimoniales, puisque certains des mégablocs témoins de la force de l'écoulement ont d'ores et déjà été détruits et d'autres restent menacés.


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