Il est aujourd'hui incontestable que les forêts européennes sont des espaces aménagés et exploités par l'Homme depuis plusieurs millénaires. Ainsi, parler de forêts revient à considérer ces espaces comme une co-construction, résultant de facteurs naturels et anthropiques. De fait, les forêts conservent dans leur morphologie, leur pédologie et leur microtopographie les traces de cette part anthropique de la sylvigénèse.

Pourtant, l'influence des sociétés anciennes sur les paysages actuellement occupés par la forêt reste mal documentée. D'ailleurs, l'évolution paysagère du massif forestier d'Écouves (15.000 ha) est actuellement peu renseignée voire totalement inconnue pour les périodes antérieures au XVIIe siècle. Ce dernier constitue pourtant un terrain favorable pour l'étude diachronique des interactions sociétés/environnement. D'autant que son relief escarpé, culminant à 413 m d'altitude l'écarte du corpus des forêts locales.

Croisant les sources historiques, les faits archéologiques et les données paléobotaniques, les premiers résultats dessinent les contours de l'évolution paysagère sur les périodes historiques. Une méthode régressive partant du territoire forestier actuel pour aller vers une analyse des formes d'organisations et d'occupations de l'espace, permet de remettre en question le caractère intangible traditionnellement associé à la forêt, faussé par des critères d'identification des « forêts anciennes ».

Si dans un premier temps les récentes observations de terrain confirment le bienfondé d'envisager l'espace forestier comme un éco-anthroposystème, elles permettent également d'envisager le sol forestier comme un anthroposol. L'objet de cette communication aura pour but de présenter ces méthodes (archives, prospection archéologique, imagerie Lidar) et les résultats de ces premières observations.