La région de Wanar, dans la moyenne vallée du Bao Bolon, se situe en domaine soudanien, au cœur du bassin arachidier sénégalais. Par leur richesse archéologique, les sites mégalithiques, témoignages spectaculaires d'une occupation humaine protohistorique de la région, sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. L'intensification agricole de la deuxième moitié du 20ième siècle marque fortement les paysages actuels.

Les recherches géoarchéologiques, géomorphologiques et sédimentologiques, menées depuis 2016, en étroite relation avec les fouilles archéologiques, s'appuient sur quatre missions de terrain et une cinquantaine de profils, décrits et analysés (lithologie, granulométrie, analyse du carbone, géochimie XRF, datation radiocarbone). Les archives sédimentaires fluviatiles attestent de dynamiques changeantes au cours de l'Holocène, avec une succession de phases d'aggradation et de phases d'érosion, dans les vallées du Bao Bolon et de ses affluents. Au cours des deux derniers millénaires, le croisement des données géoarchéologiques avec celle de l'occupation humaine, permet de postuler un rôle important des facteurs anthropiques dans ces dynamiques. Ainsi, la période de fonctionnement funéraire des monuments mégalithiques (8ième/13ième siècles AD), est concomitante avec un hiatus majeur dans les archives sédimentaires, alors qu'un autre hiatus s'observe aux 16ième/17ième siècles. Le même phénomène se produit dans la deuxième moitié du 20ième siècle. Le colluvionnement généralisé sur les versants, le comblement des basses vallées en même temps que l'incision des chenaux, rendent bien compte de l'intégration de cet espace au bassin arachidier, où domine une agriculture de plus en plus intensive, dans un contexte climatique changeant. Le questionnement des archives sédimentaires permet ainsi de mesurer la part déterminante des forçages environnementaux anthropiques tout en les intégrant au schéma régional des changements climatiques.