Une des questions qui se pose conjointement en archéologie et en paléoenvironnement est le possible impact des changements climatiques sur les populations humaines et leurs moyens d'adaptation. Répondre à cette question reste difficile et on peut seulement l'aborder si on trouve un synchronisme entre un événement climatique et un changement culturel. Cependant, l'identification d'une synchronie est limitée par les incertitudes inhérentes aux chronologies des sites archéologiques et à celles des enregistrements paléoclimatiques, mais aussi en raison des résolutions des archives environnementales. Pour pallier au dernier problème, notre étude se focalise sur l'amélioration de la résolution temporelle des données environnementales dans le sud-ouest de la France, lors de la période-charnière entre le Paléolithique moyen/supérieur entre environ 48 000 et 35 000 ans avant le présent. Cette région du sud-ouest de la France a été l'objet de nombreuses études archéologiques sur les traditions culturelles du Paléolithique moyen et Paléolithique supérieur.
Nous avons analysé à très haute résolution (100-300 ans), les pollens et spores préservés dans une carotte sédimentaire marine prélevée dans le Golfe de Gascogne (France). Cette analyse a permis d'identifier des expansions et contractions de la forêt atlantique dans le sud-ouest de la France, qui sont synchrones respectivement des réchauffements et refroidissements des températures des eaux de surface de l'Atlantique Nord-Est. Ces événements climatiques peuvent être associés aux cycles de Dansgaard-Oeschger (D-O) 11 au D-O 8 et à l'événement d'Heinrich 4. De plus, nous avons pu identifier plusieurs phases au cours du stadiaire d'Heinrich 4. La comparaison de nos résultats avec la chronologie des transitions culturelles de cette région semble montrer, malgré les difficultés chronologiques évoquées plus haut, une concomitance entre changements environnementaux et changements culturels.