Les études paléoenvironnementales menées jusqu'alors n'offrent qu'une vision très lacunaire de l'émergence du vignoble bourguignon. Parmi ces lacunes, la Côte Chalonnaise en général et le vignoble de Mercurey en particulier restent non documentés, alors qu'ils occupaient une situation stratégique à l'époque romaine. Ils étaient en effet traversés par la via Agrippa qui reliait Chalon-sur-Saône et son port fluvial marchand à la cité antique d'Augustodunum. Ils sont également situés au croisement de nombreux sites connus pour avoir livré des indices de viticulture (amphores vinaires, outillage viticole, écofacts, etc.), dont les plus anciens remontent à la fin du Haut-Empire romain (Ier-IIe s. ap. J.-C.). Cette mise en valeur agricole pluriséculaire de la Côte de Bourgogne est à l'origine de recompositions paysagères et d'une érosion des sols exacerbée. Les paysages actuels, fortement marqués par la culture de la vigne, diffèrent de ceux des périodes antérieures où la forêt, les parcelles en friche ou encore la céréaliculture de fond de vallée jouaient un rôle de tampon entre les versants et l'hydrosystème.
Sur la base de ce constat, cette recherche vise à reconstituer l'évolution des paysages mercuréens et les impacts associés en matière d'érosion des sols au cours de l'Holocène récent. La méthodologie déployée croise deux approches principales. Une première étude fondée sur le traitement géomatique d'archives documentaires spatialisées (cadastre napoléonien, photographies aériennes, etc.) et sur l'examen de dépôts de fond de vallée qui font l'objet d'analyses anthracologiques et malacologiques. La seconde étude porte sur la caractérisation des dynamiques d'érosion passées en calibrant le référentiel actuel du fonctionnement du système érosif, formalisé dans une précédente étude. La confrontation des deux approches permettra notamment de discuter si l'emprise de la viticulture se marque par un renforcement de l'ablation sédimentaire, ou si a contrario les stratégies d'adaptation ont été efficaces pour préserver la ressource en sol.