La Fuliginochronologie (lat. fuliginosus, fuligo: suie, fuligineux/fuligineuse ; grec khrônologia: chronologie) consiste à étudier la succession des dépôts de suie piégés dans une matrice, ici des encroûtements carbonatés pariétaux. Dans le cas particulier d'un site archéologique comme un abri-sous-roche ou une grotte, les concrétions (stalagmite, croûte pariétale, plancher) fuligineuses sont des archives enregistrant des occupations humaines passées, qui peuvent être décomptées et dont le rythme de succession peut être étudié. Cette méthode pionnière repose sur l'observation à haute résolution des couches de suie piégées dans les concrétions et sur celle des spéléothèmes. Cette observation peut être couplée à des analyses complémentaires de caractérisation (MEB, Raman, IRTF, μLIBS) et de datation (radiocarbone, U-Th).
Dans cette communication, nous présenterons la reconstitution des rythmes d'occupation humaine, qui a pu être faite, grâce à la fuliginochronologie, pour les différents niveaux archéologiques d'un site paléolithique de moyenne vallée du Rhône présentant une longue séquence archéologique : la Grotte Mandrin. Ces rythmes d'occupation sont reconstitués à une échelle micro-chronologique (subannuelle), qui a pu être atteinte grâce à la démonstration du caractère annuel des doublets de calcite formant les encroûtements carbonatés pariétaux du site. Nous nous intéresserons notamment à la période de la transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur. En comparant les rythmes d'occupation observés chez des groupes culturellement / biologiquement différents évoluant dans un même environnement ou chez des groupes semblables évoluant dans des environnements différents, nous chercherons à mettre en évidence la part de l'influence de l'environnement et la part des facteurs socio-culturels sur les dynamiques d'occupation du site.