Le Pléniglaciaire est caractérisé par l'extension des déserts et un accroissement considérable des flux de poussières dans l'atmosphère. Les particules transportées par le vent ont donné naissance à des accumulations de lœss qui constituent des archives sédimentaires de premier ordre pour évaluer l'impact des fluctuations climatiques sur les environnements pléistocènes continentaux. Les lœss de la vallée du Rhône, déconnectés des deux principaux systèmes éoliens européens, i.e. la ceinture lœssique nord-européenne et le bassin du Danube, constituent un enregistrement clé pour documenter les paléoenvironnements glaciaires sud-européens qui restent très peu étudiés. Les épandages lœssiques sont répartis le long des deux principaux fleuves régionaux : le Rhône et la Durance. L'étude géomorphologique, sédimentologique et géochimique détaillée de nombreux échantillons a permis de mettre en évidence leurs principales caractéristiques : (i) une texture grossière (mode principal autour de 60 µm) ; (ii) une distribution granulométrique polymodale ; (iii) une épaisseur localement importante (> 5m) mais une distribution spatiale discontinue ; (iv) un taux de carbonates élevé et (v) de nombreuses bioturbations. Ces caractéristiques uniques peuvent être expliquées par la persistance d'un couvert végétal (au moins arbustif) dans un contexte climatique plus tempéré que celui de la plaine nord-européenne, permettant ainsi la capture simultanée des particules transportées par saltation ou par suspension depuis les sources alluviales. L'analyse par Inductively Coupled Plasma-Atomic Emission Spectroscopy (ICP-AES) et ICP-MS d'échantillons provenant de plusieurs systèmes éoliens européens montre que la composition géochimique des lœss change d'une région à l'autre tout en gardant une certaine homogénéité au sein d'un même bassin versant. Nos résultats suggèrent que cette variabilité est principalement contrôlée par la lithologie des roches présentes dans leurs bassins versants respectifs, en particulier les roches recouvertes par les glaciers. Le recyclage sédimentaire d'anciennes formations éoliennes et l'altération chimique syn-sédimentaires constituent également des facteurs mineurs pouvant expliquer ces différences.