Les séquences loessiques du Pléniglaciaire moyen et supérieur de Renancourt (Amiens, Picardie) : contexte stratigraphique et paléoenvironnemental des occupations gravettiennes.
Sylvie Coutard  1, 2@  , Clément Paris  3, 4@  , Olivier Moine  5@  , Pierre Antoine  5@  
1 : Institut National de Recherches Archeologiques Preventives
INRAP
32 Avenue de l'Etoile du Sud 80440 Glisy -  France
2 : Laboratoire de géographie physique : Environnements Quaternaires et Actuels
Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS
bat. Y 1 Place Aristide Briand 92195 MEUDON CEDEX -  France
3 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives
INRAP
Centre archéologique de Passel Parc d'activités, Avenue du Parc 60400 Passel -  France
4 : UMR 7041 ArScAn, équipe Ethnologie Préhistorique
Université Paris I - Panthéon-Sorbonne
5 : Laboratoire de géographie physique : Environnements Quaternaires et Actuels
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR8591
bat. Y 1 Place Aristide Briand 92195 MEUDON CEDEX -  France

Jusqu'à récemment, le nord de la France ne livrait que très peu de gisements attribuables au Paléolithique supérieur ancien. Seuls quelques indices de sites témoignaient d'une présence humaine dans la région au cours de cette période. Le quartier de Renancourt, situé à l'ouest de la ville d'Amiens, est ainsi connu dans la littérature archéologique depuis le début du XXe siècle par les découvertes de Victor Commont.

En 2010 et 2011, deux gisements gravettiens, Amiens-Renancourt 1 et Amiens-Renancourt 2, ont été découverts en place dans des séquences loessiques recouvrant le passage du Pléniglaciaire moyen au Pléniglaciaire supérieur du Weichselien. Ils sont implantés en bas de versant de part et d'autre d'un éperon crayeux qui forme une protection naturelle. Les deux séquences loessiques, de l'ordre de 3 m d'épaisseur sur Amiens-Renancourt 2 et de 8 m sur Amiens-Renancourt 1, sont complémentaires mais sans lien stratigraphique direct. Elles se terminent toutes deux par des limons lités, l'horizon de Nagelbeek et les derniers loess calcaires homogènes du Pléniglaciaire supérieur.

L'occupation de Amiens-Renancourt 2 prend place à la fin du Pléniglaciaire moyen dans un sol peu marqué. Plusieurs dates sur le niveau archéologique donnent un âge autour de 33000-31000 ans cal. BP. Amiens-Renancourt 1, daté aux alentours de 27500 ans cal. BP, est quant à lui remarquablement bien conservé dans un petit gley de toundra. Les séquences loessiques permettent de documenter les phases de sédimentation, d'érosion et de pédogenèse et leur lien avec les conditions paléoenvironnementales pour la fin du Pléniglaciaire moyen et le Pléniglaciaire supérieur. L'ensemble des données stratigraphiques et malacologiques souligne la variabilité des conditions paléoenvironnementales et renforce l'hypothèse d'une occupation humaine discontinue du nord de la France. Celle-ci prendrait place uniquement pendant les améliorations climatiques relatives, même de courte durée, qui peuvent permettre le développement de la végétation et de la faune.


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